Le pouvoir de déconnecter : interview avec l'ancienne cycliste olympique Jolien D'Hoore

Même s'il est rarement possible de séparer complètement la vie privée et la vie professionnelle, il est important d'essayer de rester concentré sur une seule chose à la fois pour pouvoir donner le meilleur de soi-même. Pendant des années, le succès professionnel de Jolien a dépendu non seulement de son entraînement, mais aussi de sa concentration. Et pour se concentrer, elle avait besoin de silence. Pendant sa carrière cycliste, elle s'est donc régulièrement coupée du bruit, littéralement. 

Bien qu'extrême, cette déconnexion totale de la sphère privée a aidé Jolien à se vider la tête et à se concentrer sur son objectif. C'était un choix délibéré : protéger son énergie et limiter les distractions dans les moments où la précision était importante. Après ces périodes, elle prenait des congés pour se consacrer entièrement à ses amis et à sa famille. Aujourd'hui, elle croit toujours en l'importance de prendre du recul, mais reconnaît que cela se traduit différemment. En tant que directrice d'une équipe sportive, elle doit être joignable 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et parfois répondre à des appels d'athlètes malades au milieu de la nuit. Comme il ne lui est plus possible de se déconnecter pendant des semaines, sa définition de « se déconnecter » a dû évoluer. 

Désormais, ça veut dire se réserver chaque jour de petits moments intentionnels dont elle peut vraiment profiter. Se déconnecter ne dépend pas toujours de l'endroit où on se trouve, c'est aussi un état d'esprit. 

Jolien est honnête : quand elle est passée du cyclisme à un poste de direction, elle a eu du mal. « Je ne savais pas dire non », dit-elle. « Je travaillais la nuit, le week-end, tout le temps. » Au bout d'un moment, ça a fini par me peser. Jolien a donc dû trouver des stratégies. Elle a commencé à bloquer du temps pour différentes tâches et pour récupérer. C'est une stratégie qui semble simple, mais qui lui a pris des années à mettre en place. 

Cette évolution, qui consiste à passer d'un effort spontané à une énergie structurée, est une réflexion à laquelle de nombreux professionnels peuvent s'identifier. Qu'il s'agisse de gérer des personnes ou des projets, le temps et l'attention sont nos ressources les plus précieuses. Et les préserver est un acte de leadership. En fin de compte, l'équilibre n'est pas quelque chose qui s'obtient du jour au lendemain. Il se construit au fil du temps, à travers des essais, de la clarté et une réflexion honnête. Même après quatre ans dans ses nouvelles fonctions, elle admet que c'est encore un travail en cours. 

Aujourd'hui, Jolien a une famille et essaie donc de préserver ses weekends autant que possible, d'éviter les engagements consécutifs et de se recentrer consciemment après des périodes de forte pression comme les classiques cyclistes du printemps. Son agenda prévoit du temps pour tout, de la préparation stratégique jusqu’aux moments de joie avec sa fille. 

Pour les responsables RH, c'est plus qu'une anecdote personnelle. C'est un rappel que les personnes très performantes, qu'il s'agisse d'athlètes ou d'employés, ont aussi besoin d'espace, de clarté et, parfois, d'un moment « mode avion ».