Le bien-être des travailleurs est-il de mon ressort ? 4 enseignements de notre événement
À une époque où la frontière entre la vie professionnelle et la vie privée est de plus en plus floue, une question émerge : où commence et finit la responsabilité du bien-être pour l’employeur et le travailleur ? Cette réflexion critique était le thème central de notre conférence annuelle sur le bien-être au travail. Vous n’avez pas pu y assister et vous voulez un aperçu des principaux enseignements ? Cet article vous propose un résumé complet.
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Le ROI d’une approche stratégique du bien-être est indéniable
Saviez-vous que les entreprises sans travailleurs absents de longue durée sont 1,4 fois plus rentables ? Et que chaque euro investi dans le bien-être fournit un retour sur investissement qui varie entre 2 et 14 euros ? Ces faits alarmants de l’Organisation mondiale de la Santé, présentés par notre CEO Ellen De Vleeschouwer, sont sans appel. Investir dans le bien-être est bon pour le travailleur, mais également pour la rentabilité et la croissance de l’entreprise.
Et la perte de productivité liée à des troubles mentaux non traités, comme le burn-out, ne doit pas être la seule motivation. « Une stratégie de bien-être structurelle contribue au développement d’une culture de travail positive où les travailleurs restent motivés et loyaux. En communiquant clairement et régulièrement sur les initiatives prises en matière de bien-être et en créant un environnement où l’on se sent reconnu et soutenu, vous posez les fondements d’une organisation saine et fructueuse."
« Une culture du bien-être de qualité, associée à d’excellentes relations interpersonnelles, contribue directement à la satisfaction au travail et incite les travailleurs à rester plus longtemps chez leur employeur. »
Cédric Velghe, chercheur et Managing Partner de la spin-off gantoise The VIGOR Unit, a insisté sur l’importance de cette vision stratégique. 30 % des travailleurs courent actuellement un risque de dépression ou de burn-out. « Une culture du bien-être de qualité, associée à d’excellentes relations interpersonnelles, contribue directement à la satisfaction au travail et incite les travailleurs à rester plus longtemps chez leur employeur », précise-t-il. « Mais un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée est également essentiel. Travailler en dehors des heures normales peut engendrer du stress et des troubles du sommeil. C’est pourquoi je conseille aux employeurs de passer des accords clairs en termes de disponibilité et d’investir dans une charge de travail réduite si nécessaire. »
Quels sont les facteurs clés pour avoir de l’impact sur le bien-être de vos collaborateurs?
Par ailleurs, cela demande du temps et, bien entendu, il ne faut pas changer subitement de comportement. C’était très clair lors de la session de Björn Prins (Itam). Au cours de sa session relative à la façon de combler le fossé entre savoir et agir, il a suggéré plusieurs petites actions quotidiennes qui sont bien plus efficaces pour garantir un changement de comportement durable. Il a également insisté sur la responsabilité partagée en matière de bien-être. Björn a présenté un diagramme de Venn incluant trois éléments que les managers peuvent utiliser pour développer une organisation consciente : « Cleaning up », « Waking up », et « Growing up ».
« Oui, les organisations jouent le rôle principal quand il s’agit de soutenir un climat qui favorise la sécurité et la conscience », déclare-t-il. « Mais si l’environnement est bon, c’est aussi aux travailleurs individuels de durabiliser le bien-être. »
« Oui, les organisations jouent le rôle principal, mais si l’environnement est bon, c’est aussi aux travailleurs individuels de durabiliser le bien-être. »
Nancy Van Cauwenbergh, HR Manager chez Hillewaere Group, a également reconnu l’importance d’une communication claire pour une implication totale des travailleurs. Elle a raconté le trajet qu’elle avait parcouru avec nous pour développer une politique du bien-être basée sur les données. Vous voulez en savoir plus ? Découvrez le récit de ce client !
Créez un environnement de travail qui favorise le bien-être
Katleen Vranckaert a souligné l’importance d’un environnement de travail qui stimule le bien-être des employés. Elle a introduit le concept d’ergonomie holistique qui permet d’améliorer le lieu de travail en y intégrant des éléments physiques, sociaux et organisationnels, comme par exemple une lumière vive, des couleurs énergisantes, une acoustique fluide, mais aussi un environnement de travail chaleureux où les collaborateurs se sentent réellement connectés et ont le sentiment que leur travail a de la valeur. Ce concept présente plusieurs avantages : amélioration du bien-être, augmentation de la productivité, réduction de l’absentéisme, culture d’entreprise solide et marque employeur forte.
Comment y arriver ? Avant tout, il est essentiel que le changement soit mené par le management. Katleen Vranckaert a expliqué par exemple combien il était utile d’impliquer les collaborateurs de manière réfléchie et d’analyser leurs besoins. Donnez des directives et des règles claires, et implémentez des méthodes de travail adaptées aux zones de concentration.
« Créez un environnement de travail qui favorise différents types de travail, tout en minimisant les distractions négatives. »
« Créez ensuite un environnement de travail qui favorise différents types de travail », ajoute Katleen Vranckaert. « Essayez également de minimiser les distractions négatives, en proposant par exemple des espaces inspirants pour les réunions, les sessions de brainstorming et les moments de concentration. Et enfin, il est important de présenter les fonctions du mobilier. Tout le monde peut ainsi profiter au mieux de l’environnement de travail. »
Laissez vos collaborateurs prendre le contrôle de leur neuroplasticité
Comment favoriser le bien-être des travailleurs de manière durable ? En développant une culture d’intrapreneuriat, selon Katelijn Nijsmans, CEO de How’s Work. En tant que manager, vous incitez vos collaborateurs à renforcer leur neuroplasticité (la capacité des neurones à se régénérer et se restructurer).
Katelijn Nijsmans a distingué trois formes de neuroplasticité, mais dans le contexte du bien-être au travail, c’est surtout la neuroplasticité liée à l’expérience qui requiert une attention particulière.
Vous jouez ici un rôle important en tant que manager. Vous pouvez créer un environnement qui encourage vos collaborateurs à développer de nouvelles compétences et à modifier certains schémas comportementaux. Attention : cela exige toutefois une culture spécifique où apprendre, expérimenter et tomber est encouragé et perçu comme une opportunité de grandir.
« On n’acquiert pas des compétences plus rapidement par la répétition fréquente, mais en comprenant le ‘pourquoi’ de celles-ci. »
En même temps, Katelijn Nijsmans souligne que, contrairement aux idées reçues, la répétition fréquente ne garantit pas l’acquisition plus rapide de compétences pour vous ou votre équipe. « Comprendre votre why est la clé d’un réel changement », selon elle. « Il ne s’agit donc pas uniquement de vouloir grandir, mais d’en connaître la raison profonde. Lorsque vous vous focalisez sur votre ‘pourquoi’, vous donnez un objectif, une direction à votre cerveau, ce qui vous permet d’établir de nouvelles connexions et de casser les schémas comportementaux de manière durable. »
Le bien-être des travailleurs a un impact sur pratiquement toutes les activités de l’entreprise
Le dernier intervenant était Jan-Emmanuel De Neve, Directeur du Wellbeing Research Centre à l’Université d’Oxford. Sur la base de différentes études, il a confirmé ce qu’Ellen De Vleeschouwer et Cédric Vleghe avaient dit auparavant : le bien-être des travailleurs a un impact directement mesurable sur la productivité et les résultats de l’entreprise.
Ses recherches auprès de British Telecom illustrent que des travailleurs heureux sont visiblement plus productifs. Les collaborateurs qui se sentent bien peuvent vendre en moyenne 12 % en plus que leurs collègues moins satisfaits. À noter que cet effet est particulièrement important dans des fonctions exigeant de nombreuses compétences sociales et émotionnelles, comme dans les services à la clientèle par exemple.
« Les collaborateurs satisfaits restent plus longtemps, ce qui réduit la rotation du personnel et les coûts de recrutement. »
Mais en réalité, l’impact de l’approche stratégique du bien-être va bien au-delà. Le lien entre le bien-être et le recrutement et la rétention des talents, par exemple, mérite également d'être mentionné. Jan-Emmanuel De Neve a constaté que les candidats postulaient plus facilement auprès de sociétés réputées pour l’importance qu’elles accordaient au bien-être, comme on peut le voir clairement sur des plateformes comme Glassdoor et Indeed. « Les collaborateurs satisfaits restent plus longtemps chez leur employeur, ce qui réduit la rotation du personnel et crée un environnement de travail stable. Cela réduit aussi indirectement les coûts afférents au recrutement et à la formation de nouveaux collaborateurs », ajoute-t-il.
Les entreprises qui investissent dans le bien-être de leurs collaborateurs sont également plus performantes en bourse et réalisent manifestement des bénéfices plus élevés. « Les entreprises qui affichent de bons scores en matière de bien-être (selon les collaborateurs) enregistrent de meilleurs résultats financiers, comme des actifs et des bénéfices plus élevés », précise Jan-Emmanuel De Neve.
« Nous ne devons pas voir le bien-être comme une ‘valeur faible’, mais comme un outil stratégique puissant pour garantir un succès durable. »
Même si les managers reconnaissent que le bien-être constitue un avantage, seul un tiers d’entre eux en font une priorité stratégique. Les études de Jan-Emmanuel De Neve révèlent que les managers se focalisent souvent sur les clients et le chiffre d’affaires, plutôt que sur le bien-être des travailleurs. « Nous ne devons pas voir le bien-être comme une ‘valeur faible’, mais comme un outil stratégique puissant pour garantir un succès durable. J’encourage donc vraiment les employeurs à faire du bien-être un thème central, car ses avantages impliquent bien plus que de simples collaborateurs satisfaits », conclut-il.